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La lutte contre les plantes indésirables
Petits rappels
Une prairie permanente est généralement
constituée de trois grandes familles de plantes : les graminées,
les légumineuses et les autres plantes (parfois appelées
aussi plantes compagnes, dicotylées ou encore adventices). Un équilibre
entre ces 3 familles s'établit en fonction des conditions pédo-climatiques
et de l'exploitation.
Sous notre climat, nous recherchons à favoriser
la famille des graminées qui constitue l'essentiel d'une bonne
prairie (75%) à condition que celles-ci soient classées
dans la catégorie des bonnes graminées (ray-grass anglais,
fléole, pâturin des prés…). La famille des
légumineuses sera plus ou moins développée en fonction
de l'intensification de la fumure azotée et du mode d'exploitation.
Les autres plantes peuvent représenter un certain
pourcentage de la flore (jusqu'à 20%) à condition de tenir compte de la
spécificité des adventices. Certaines sont bénéfiques
à la qualité du fourrage et donc pour l'animal car elles
sont généralement assez riches en minéraux et autres
métabolites secondaires. D'autres sont toxiques ou encore totalement
inutiles car non appétées, gênantes pour la récolte… Ainsi, on tolère la présence de 10% maximum de berces,
d'anthrisques, d'achillées millefeuilles… mais seulement 5%
d'orties, rumex, chardons, renoncules âcres. Le pissenlit sera quant
à lui toléré jusque 20%.
L'exploitation de la prairie, comme par exemple l'alternance
fauche-pâture, le chaulage et la fumure de fond… doit tendre
à maintenir le bon équilibre entre les familles. En prairie, il faut à tout prix éviter l'apparition de
vide. Ces vides se créent suite à des facteurs naturels
ou à des erreurs d'exploitations. Si ceux-ci sont trop importants,
la parcelle risque d'être envahie d'adventices (pissenlits, rumex,
chardons, houlque laineuse, agrostides…). Pour éviter l'envahissement
par des plantes indésirables, il faut alors penser au sursemis.
Tableau 1. Améliorer ou rénover sa prairie permanente
: tout sera fonction de la qualité de la flore (d’après
Leconte et al. 1994, Gilibert et Mathieu, 1998). Prairies d’état
(a) moyen (b) médiocre (c) très dégradé
Adventices :
Dicotylées indésirables (renoncules,
rumex, orties, chardons, mouron, plantains, pissenlits…)
Mousses
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Bonnes graminées
(RGA,
fléole, dactyle, fétuque des prés, fétuque élevée)
et
légumineuses (trèfle blanc, trèfle violet)
|
|
<
30%
|
30
à 70 %
|
>
70 %
|
Moins
de 15%
(<
5 adventices/m2)
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(c) Désherbage
+
Ressemis
+
Exploitation-fertilisation
|
(a) exploitation + fertilisation
|
Bonne
prairie
|
De
15 à 30 %
(5
à 10 adventices/m2)
|
(b) Désherbage sélectif
+
Sursemis
+
Exploitation/fertilisation
|
Bonne
prairie
Désherbage
sélectif éventuel
+
sursemis
|
>
30 %
(>10
adventices/m2)
|
Légende : Prairies d’état : (a)
moyen,
(b) médiocre,
(c) très dégradé
La prévention contre les adventices, les méthodes de lutte mécaniques, naturelles et biologiques doivent être privilégiées lorsqu'elles sont envisageables. Ces méthodes sont mises en avant dans les pages destinées à la lutte contre les rumex, les chardons ou les autres plantes adventices.
Le désherbage chimique est une opération
de rattrapage d'une situation qui a dégénéré
suite à l'apparition trop importante d'une ou plusieurs adventices.
Celui-ci s'effectue avec
une herbicide. L'herbicide est un pesticide à usage agricole
classé dans la catégorie "produit phytopharmaceutique". Il
s'agit de molécules, de synthèse ou non, dont l'activité
sur le métabolisme des plantes entraîne leur mort.
Pourquoi lutter contre les adventices ?
Ces plantes sont à combattre car elles :
- Nuisent aux plantes cultivées (concurrence pour l'eau,
la lumière, les éléments nutritifs, libérations
de substances toxiques ou allélopathiques ;
-
Diminuent la valeur de production des récoltes en cas
de trop forte infestation ;
-
Rendent plus difficiles certains travaux (récolte, travail
du sol...) ;
-
Sont vecteurs ou refuges pour des parasites et ravageurs de tous
types ;
-
Produisent un grand nombre de semences qui contribuent à
augmenter le stock semencier du sol et donc les problèmes ;
-
Représentent un double coût pour l'agriculteur :
lié au formes de nuisibilités et au méthode de lutte.
Il est bon de rappeler qu'aucun traitement n’élimine définitivement les adventices et que sur le long terme, seule l’intervention sur les causes d’apparition des adventices est efficace.
Documents téléchargeables
Knoden D., Meniger G., août 2024. Liste des méthodes de lutte en désherbage des prairies - Phytos autorisés jusqu'au 29/08/2024 7 p
Crémer S., Knoden D., Stilmant D., Luxen P., 2008. Le contrôle des populations indésirables
de rumex, chardons et orties dans les prairies permanentes. Les livrets de l'Agriculture n°17. SPW. 85 p.
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